Elysium

Publié le 28 Août 2013

Elysium

Après son District 9 réussi, on était en droit d'attendre de Neill Blomkamp autre chose qu'un énième blockbuster sans âme. Le principe d'un monde idéal hors-terre n'est pas nouveau. Subtilement exploré par le merveilleux Wall-E, il ouvre cependant de multiples perspectives au récit d'anticipation, pour peu qu'on veuille s'en donner la peine.

Le début du film est prometteur. Prenant le temps de nous faire visiter le monde qu'il s'est construit, le réalisateur sud-africain impressionne par le soin apporté à l'aspect visuel d'une terre en ruine et de son satellite rutilant. Abandonnant la vieille planète, les nantis habitent donc désormais une sorte d'hélice en orbite, SimCity cylindrique aux pelouses vertes et piscines accueillantes. C'est aussi laid qu'une plaquette Nexity, d'aussi mauvais goût qu'une ville nouvelle des Yvelines. Mais ils ont l'air content. "Ils ont l'air" seulement, car on ne viendra jamais chercher à en savoir davantage, pas plus qu'on fouillera la misère abandonnée sur terre.

Blomkamp s'est construit un super jouet, mais ne joue qu'avec l'emballage. Rien d'autre qu'un film d'aventure codifié à l'esthétique de jeu video [piste qui aurait elle aussi pû être beaucoup mieux exploitée], Elysium déroule alors son récit de survie individuelle avec ses méchants très méchants [Jodie Foster exultant en vilaine et Sharlto Copley méconnaissable], sa gentille très gentille [l'amie d'enfance et sa fille condamnée] et son héros très amoché [Matt Damon version salle de sport, mais convaincant], sans passionner davantage, chaque détail susceptible d'être exploité étant grossièrement négligé [la machine qui guérit, le contrôle d'Elysium, un sous-texte politique réduit à peau de chagrin]. Max porte des chaussures Adidas, Carlyle voyage en Bugatti, et puis c'est tout.

Les scènes d'action, empruntant à Man of steel l'insupportable parti pris du "plus ça va vite, moins on voit, mieux c'est", s'avèrent très ennuyeuses, alourdies de surcroit par une musique lourdingue, masquant elle-même un travail sonore qui semblait intéressant. C'est un peu comme si tout ce qu'il y avait de bon dans Elysium avait été délayé dans une vieille soupe hollywoodienne, le résultat n'ayant plus aucune saveur.

On ajoutera à cela une fin niaise au possible et un épilogue trop naïf pour convaincre, et on oubliera vite un film qui, comme bien d'autre, n'aura pas tenu ses promesses.

Rédigé par pierreAfeu

Publié dans #Mauvais coups

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F
Après District 9 on en attendait sans doute trop, le film souffre durement de la comparaison mais n'est pas si raté que cela, c'est un bon divertissement tout de même, au dessus de la moyenne...
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P
En-dessous de pas mal de blockbusters de l'été (à par Man of steel, évidemment...).
C
Oui je suis d'accord, c'est du gros potentiel non exploité. J'avais apprécié District 9 car il était sans pitié, très triste et vraiment émouvant (le message politique passait bien). Là, Blomkamp a voulu réitérer son effet "donner envie aux spectateurs de massacrer la gueule des méchant", mais c'est tellement bourré de clichés grotesques (comme tu l'as dit, des gentils très gentils qui combattent des méchants très méchants) que ça ne marche pas.
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P
Sans oublier un potentiel visuel totalement sous-exploité.