Magic magic

Publié le 29 Août 2013

Magic magic

Critiquer un film, en rendre compte du moins, est un jeu d'équilibriste. Si le ressenti est totalement subjectif, on cherche toujours à rendre sa transcription objective. Dans la forme en tout cas. Pas de "je" ici, mais un "on" passe partout, ou bien un "nous" faussement fédérateur, englobant avec ambition [ou naïveté] lecteur et rédacteur dans un même debrief.

Évoquer Magic magic bouscule ces évidences. S'il l'on veut, comme toujours, donner au subjectif une apparence objective, on ne s'en sortira pas. Car, objectivement, Magic magic est un bon film. Habilement construit, riche d'une mise en scène souple mais sophistiquée, porté par d'excellents comédiens, le film de Sebastian Silva a tout pour plaire. Il distille dès les premières images une ambiance mystérieuse illustrant le(s) trouble(s) qui habite(nt) Alicia, et avance crescendo vers un final déroutant. C'est un film singulier qui ne laisse pas indifférent.

Voilà pour la version objective. C'est différent côté ressenti. Magic magic fait partie de cette catégorie de films tellement maîtrisés, tellement écrits, dans lesquels chaque raccord est pensé, chaque mot soupesé, qu'on peut très bien s'en sentir exclu. Toute cette histoire habilement agencée peut très bien ne pas toucher. La folie qui gagne Alicia, les peurs qui la tétanisent, ses délires nocturnes, tout ça peut nous sembler trop loin, trop fabriqué, pas assez charnel.

Et pourtant Juno Temple et Michael Cera sont exceptionnels, elle en fausse femme-enfant et vraie névrosée, lui en faux couillon et vrai trouillard [ou l'inverse], tous deux confirmant ici l'étendue et la maîtrise de leur talent. Le reste du casting, Emily Browning en tête, sans oublier le sexy Agustin Silva, est également très juste.

Et pourtant la mise en scène est belle, jouant sans cesse des troubles de la perception avec un cadre pas toujours net, ou décalé.

Et pourtant l'écriture est fine, le film ne nous conduisant pas là où l'on pensait aller. S'il finit par tourner en rond, il se redresse sur un dernier mouvement assez bluffant.

Et pourtant oui, on peut très bien ne jamais "être dedans".

Rédigé par pierreAfeu

Publié dans #Coups moyens

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Eh oui, c'est comme ça, des fois on n'a pas envie !
Répondre
P
Oui, c'est assez étrange...