Mars 2018
Publié le 31 Mars 2018
Abdellatif Kechiche
Affichant pour la première fois une légèreté qui fait probablement défaut à tous ses autres films, Kechiche réussit avec presque rien à exprimer l'essentiel. La fluidité prend vite le pas sur un démarrage quelque peu laborieux et permet au cinéaste de capter, comme il sait le faire, la grâce d'instants éphémères tout en proposant une œuvre intrinsèquement politique : s'il se déroule en 1994, le film sort aujourd'hui, en plein retour du conservatisme, du repli sur soi et du radicalisme en tout genre. Ainsi, véritable hymne à la vie et à l'ivresse des sens, profondément féministe, Mektoub my love : canto uno sonne comme une essentielle et salutaire ode à la liberté !
Dominique Rocher
Bertrand Mandico
Marionnettes au service d'un cinéaste trop occupé à huiler sa petite mécanique, les personnages n'en restent qu'au stade de silhouettes à peine esquissées. Le brouillage des genres, quand il ne frise pas le ridicule, s'avère très vite beaucoup plus agaçant que troublant. Film purement intellectuel, jamais charnel, mise en images et en sons de fantasmes trop pensés pour atteindre les sens, Les garçons sauvages, en dépit d'un très beau travail formel, ne franchit jamais les limites du simple exercice de style.
Pascal Laugier
Le récit choisit la trame heurtée du cauchemar pour jouer avec le temps et l'espace, exploitant jusqu'à plus soif circonvolutions, twists et confusions perceptives. Après un début réussi, rapide et brutal, l'ensemble tourne un peu à vide puis se reprend sur un final efficace. Laugier maîtrise son sujet et assume ses références à défaut d'innover.
Greta Gerwig
En bonne fille, Greta Gerwig déroule le gentil fil de son gentil film plein de bons sentiments et d'acceptables impertinences. C'est gentil, donc, mais sans la moindre aspérité et totalement oubliable.
Kantemir Balagov
Constamment tendu, habité par une violence sourde qui imprègne chaque plan, chaque corps, chaque regard et que le format 4:3 enserre, ce premier long métrage éblouit par sa puissance formelle (visuelle et sonore) et une maîtrise d'écriture qui transforment le drame social en tragédie familiale cruelle et incestueuse. Profondément noir et pourtant lumineux (grâce notamment à son actrice principale, Darya Zhovner), Tesnota ne laisse pas indemne.
Kiyoshi Kurosawa
La science-fiction purement imaginaire et presque abstraite du film traite des concepts humains avec une ironie absurde. Mêlant avec intelligence profondeur de réflexion et grâce ludique, Kurosawa met en scène avec de belles trouvailles un récit de fin du monde annoncée aussi lunaire que terrien... Sans doute son meilleur film depuis Shokuzai.
Juliana Rojas et Marco Dutra
Jude Ratnam
Fernando Guzzoni
Steven Spielberg
À 71 ans, Spielberg prouve qu'il maîtrise encore le game (comme on dit dans le milieu) en proposant une dystopie immersive et ludique qui multiplie les références d'une pop culture mondialisée dans laquelle Tye Sheridan, bien que s'empâtant, se coule à merveille. L'ensemble, hyper classique (avec voix-off narrative pesante en guise d'introduction) et très lissé, n'en demeure pas moins fort agréable.