La piel que habito

Publié le 20 Août 2011

  

Sans connaître le roman de Thierry Jonquet dont La piel que habito est adapté, on peut imaginer qu'Almodovar y a trouvé la matière pour le moins complexe, pour ne pas dire tordue, de son dernier film.

Ce qui frappe en premier n'est pas justement la tortuosité du sujet mais la manière dont il est traité. En effet, si l'on concède volontiers l'intérêt d'une révélation tardive (Qui est qui ? Qui veut quoi ?), on peut se demander pourquoi Almodovar tarde tant à nous l'exposer.

Se perdant dans des sous intrigues et des personnages sans intérêt (le "tigre" et le personnage de Marisa Paredes), étirant jusqu'à les rendre stériles toutes les scènes d'exposition, le réalisateur espagnol prend le risque de perdre bon nombre de spectateurs en route. Car il faut le dire, la première heure du film est particulièrement plate et ennuyeuse, incapable de nous intéresser aux personnages pourtant supposés mystérieux que sont ce chirurgien et sa "patiente".

Le film bascule réellement lorsque le jeune Vicente entre en scène. C'est alors que le récit se trouble, que la séquestration intrigue, que les mystères prennent de l'épaisseur au moment où ils se révèlent. Hormis une scène d'explication aussi longue que plaquée, la dernière partie prend force et puissance et laisse deviner le film qu'Almodovar aurait dû faire s'il ne s'était pas perdu dans des circonvolutions parasites. C'est d'autant plus dommage que le style Almodovar (mise en scène stylée et musique prégnante) était l'écrin idéal d'une intrigue aussi sulfureuse que troublante.

Côté interprétation, rien à dire d'Antonio Banderas qui ne démérite pas sans éblouir, de Marisa Paredes qui a la classe de faire vivre un personnage inutile, et d'Elena Anaya dont la beauté égale le talent. A noter le jeune Jan Cornet, très convaincant.

La piel que habito est donc décevant, d'autant plus décevant qu'il avait tout pour être génial.

 

Etoile2

 

festivaletePetit

Rédigé par pierreAfeu

Publié dans #Coups moyens

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C
<br /> J'ai l'impression qu'Almodovar, c'est un peu comme Allen...au bout d'un moment, à force de revenir toujours sur les mêmes thèmes, ça fatigue...Tu écris "pour ne pas dire tordu", mais ça l'est<br /> complètement! Bref!<br /> <br /> <br />
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C
Ta réaction vis à vis des 2 personnages est curieuse : il me semble qu'ils ont toute leur place dans l'intrigue (sans spolier, je ne peux pas en dire plus). Sinon globalement d'accord.
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F
Je n'ai pas trouvé les personnages du tigre et de la gouvernante inutiles : le premier est l'élément perturbateur qui sert de catalyseur à l'intrigue (qui ronronnait un peu avant son intervention, je te le concède), la seconde installe un trouble supplémentaire par son caractère mi-extérieur (regard distancié sur l'affaire), mi-impliqué (pour des raisons que le film révèle). D'autant plus que Marisa Peredes l'incarne effectivement avec une grande classe.<br /> <br /> Si le film peine à démarrer, il va crescendo par la suite grâce à ses révélations en cascade (toutes hallucinantes : merci Jonquet) et à l'excellence de sa mise en scène (morceaux de bravoure à la chaîne : merci Pedro). A partir de là, j'ai été moi aussi complètement pris dans l'histoire, avec une sensation de malaise poisseux et d'étrangeté malsaine vraiment tenaces.<br /> Pas le meilleur Almodovar (un peu trop désincarné), mais un petit choc cinématographique tout de même.
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F
Pas d'accord. J'ai trouvé cela passionnant dès le départ, même si, certes, le rythme est assez lent...
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