Novembre 2017
Publié le 1 Décembre 2017
Manu Riche
Frederick Wiseman
L'art de Frederick Wiseman donne le sentiment de tout embrasser. Rendant compte des multiples activités et de la mission de service public des bibliothèques new-yorkaises, le cinéaste utilise son absolue maîtrise du montage pour plonger le spectateur dans une autre temporalité et lui offrir une expérience de cinéma unique.
Yorgos Lanthimos
Fidèle à sa méthode, Lanthimos structure son film à partir d'une construction mentale dont il explore les conséquences sur des cobayes triés sur le volet. Lorgnant de plus en plus vers Haneke dans son obsession de la cellule familiale (ses codes, ses tabous, ses faiblesses), le cinéaste grec réalise avec ce quatrième long métrage un exercice de style froid et sans faille, qui peut impressionner comme il peut lasser, sa mécanique purement intellectuelle ne suscitant finalement plus aucune surprise. Portée par le brillant trio Colin Farrel, Nicole Kidman, Barry Keoghan (déjà remarqué dans Dunkerque et Margaret), cette mise à mort n'en demeure pas moins suffisamment glaçante pour maintenir en éveil.
Léonor Serraille
Comment peut-on s'ébaudir devant ce film flemmard prenant pour héroïne la fille relou évitée à la fête de la veille, qui a tout compris mais avec des larmes dans les yeux, sort avec un connard et traîne sa déprime avec une déconcertante constance ? Ne serait-il pas temps d'en finir avec ce cinéma bourgeois post baba-cool bourré de clichés sur la galère et le sens de la vie, affreusement bavard, mal écrit et filmé avec les pieds ?
Janus Metz Pedersen
La rencontre entre deux champions passe toujours par l'affrontement mental. Après Hunt/Lauda, voici donc Borg/McEnroe dans une réalisation ostentatoire (et souvent lourde) qui réussit tout de même à maintenir en éveil grâce au talent de ses interprètes, le toujours excellent Shia LaBeouf en tête.
Rebecca Daly
Malgré de réelles qualités formelles (image, mise en scène) et dramatiques (Rachel Grifftihs et Barry Keoghan très justes), le film oscille entre le trop et le pas assez, le background très lourd s'avérant mal exploité et au final malvenu. Il aurait sans doute été plus intéressant et original de fouiller davantage dans la complexité (certes déjà suggérée) des liens se créant entre cette quadra solitaire et ce petit caïd en mal d'affection.
Lynne Ramsay
Sur une trame cousue de fil blanc, Lynne Ramsay construit un thriller arty à la noirceur artificielle dont la réalisation maniérée et la BO inspirée cadrent et décadrent un Joaquin Phoenix mi-granite mi-argile dissimulant sous sa barbe un inévitable trauma originel. La courte durée du film lui permet de se maintenir à flot quand son absolu sérieux l'empêche d'être à la hauteur de ses ambitions.
Katsuya Tomita
Fabien Gorgeart
Par son approche décalée, Fabien Gorgeart dézingue les clichés sur la maternité tout en traitant la question de la GPA de manière entendue. Porté par l'abattage de la pétulante Clothilde Hesme, ce premier long métrage excelle dans la comédie quand il peine en profondeur, la faute sans doute à un déroulé narratif trop balisé. L'ensemble demeure malgré tout fort agréable.
Christopher Landon
Mixant Un jour sans fin et Scream dans un divertissement sans complexes, le film mise tout sur son interprète, Jessica Rothe en clone d'Anna Faris, dont la tonitruance fait oublier les faiblesses d'un prétexte un peu trop léger. Le tout se regarde sans honte et même avec un certain plaisir !
Todd Haynes