La guerre est déclarée
Publié le 21 Août 2011
Film vu en avant-première, en présence de Valérie Donzelli et de Jérémie Elkaïm,
et en compagnie de la crème des blogueurs nantais : heavenlycreature et Chris.
La question de savoir que l'histoire qui nous est racontée s'inspire de celle que Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm ont réellement vécue est à la fois primordiale et secondaire ; primordiale
parce que cela explique le parti pris artistique du film ; secondaire parce qu'il s'agit d'un film et que seul le film compte.
La revendication première est de ne pas prendre les spectateurs en otage d'un suspense entretenu : le fils malade est aujourd'hui guéri. Le film ne raconte pas l'histoire de sa maladie, mais
l'histoire de ses parents face à une situation extraordinaire. Film d'amour, d'espoir et de lutte, La guerre est déclarée mise sur le rythme et la vitesse
pour nous emporter avec ses personnages.
L'immense qualité du film, c'est son audace. De ruptures de tons en ruptures de formes, Valérie Donzelli ose bousculer convenances et spectateurs, histoire de prendre le recul
nécessaire à une narration délivrée du drame qui se joue. Si l'audace n'est pas toujours payante, elle a le mérite de sortir le film des rails vers lesquels le sujet l'entraînait. Alors que la
réalisatrice ne revendique aucune parenté cinématographique, on lui prête des accents truffaldiens et des échos d'Honoré, compliments pour certains et pesanteurs pour d'autres, la voix off
narrative un peu niaise surlignant les propos (Truffaut) ou le clip aux accents naïfs (Honoré) comptent parmi les points noirs du film. On préfère les accents arty, l'humour décalé et les essais
stylistiques, plus vifs et plus modernes.
La qualité du film forge aussi ses faiblesses. A trop vouloir prendre du recul ou dédramatiser, La guerre est déclarée passe à côté de
l'émotion, à tel point qu'on en oublie les enjeux. Et lorsque la réalisatrice accentue les réactions de certains de ses personnages, l'effet sonne faux ou tombe à plat.
C'est la faiblesse d'un film qui n'en demeure pas moins honnête et singulier, en dehors des balises, mené tambour battant par le duo de charme formé par Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm.