23e Festival du Cinéma Espagnol # 02
Publié le 1 Avril 2013
Vendredi 29 mars
• Les enfants sauvages
Histoire d'amitié adolescente, Les enfants sauvages brille par une narration et une mise en scène ambitieuses. Alors que l'histoire est finalement assez simple, le scénario installe un suspense efficace, et donne toute sa puissance à ce trio amoureux d'adolescents en quête d'autre chose. Si l'on regrette des représentations parentales (principalement paternelles) souvent caricaturales, les portraits des trois héros, leurs désirs d'évasion, et les liens d'amitié qui les unissent sont justes et subtils. La mise en scène est élégante, moderne et rythmée, les trois acteurs principaux rendent leurs personnages particulièrement attachants, sans affectation ni niaiserie. Un beau film.
Nuit fantastique dans une Absurde Séance spéciale : 1 court et 2 longs
• Fist of Jesus
14 minutes de délire gore et blasphématoire, ça ne se refuse pas ! Fist of Jesus transforme le résurrecteur en tueur de zombies sanguinaire à l'aide de poissons multipliés... C'est aussi drôle qu'idiot, jouissif et régressif.
• Loups de Arga
Le film met un peu de temps à démarrer, mais une fois parti, il se consomme avec plaisir et sans arrière pensée. Comédie horrifique à base d'écrivain raté, de campagne isolée, de malédiction familiale et de loups garous, Loups de Arga assume tous les codes du genre, et s'affirme comme un film pas sérieux réalisé avec sérieux. Bien interprété (on y retrouve un Carlos Areces (Les amants passagers) méconnaissable et un Gorka Otxoa bien meilleur ici que dans Bypass). Un bon divertissement.
• Insensibles
Le Festival du Cinéma Espagnol nous donne l'occasion de voir ce film sorti en 2012 mais pas projeté à Nantes. On y retrouve, à la manière de Guillermo Del Toro, tous les traumatismes du franquisme mis en exergue par un récit aux lisières du fantastique. Si ce premier film complexe et maîtrisé n'atteint pas la puissance du chef d'œuvre de Del Toro (Le labyrinthe de Pan), il n'en demeure pas moins d'une intensité visuelle et narrative impressionnante. Juan Carlos Medina est évidemment un réalisateur à suivre de très près ! [critique ici >>>]
Samedi 30 mars
• Animals
La découverte de ce premier film de Marça Forés justifierait presque à elle seule l'existence de ce festival. Animals est un film déroutant qui réussit à jouer de son mystère (et celui de ses personnages) jusqu'à la fin. Ça se passe dans un lycée anglophone perdu on ne sait où, entre une forêt et un lac. On y suit quelques personnages, et principalement Pol, adolescent perturbé (c'est le moins que l'on puisse dire) dans une sorte de récit initiatique tortueux. Construit au millimètre (mise en scène impressionnante de maîtrise, bande son très travaillée), Animals est cependant un film très intuitif qui parle à l'intime, comme faisant résonner en nous des questionnements enfouis, non formulés, des solitudes oubliées. D'une sensualité trouble, souvent surprenant, drôle quelquefois, Animals affiche une filiation évidente avec le meilleur du cinéma moderne actuel, Gus Van Sant en tête. Après une séquence magistrale, illustrant une sorte de contrepoint d'Elephant, le film s'achève sur une note presque opaque, comme s'il voulait préserver encore une part de son mystère. On espère vivement qu'il sorte en salle !
• Les amants passagers
Les amants passagers est un film sain ! Alors qu'il est institutionnalisé depuis des années, désormais hautement fréquentable et palmedorisable depuis plusieurs films, Almodovar démontre avec cette farce qu'il se moque de tout ça. Queer jusqu'au trognon, quitte à froisser les plus gay-friendly des spectateurs, Les amants passagers est une récréation salutaire et potache qui, en ces périodes sombres d'homophobie décomplexée, fait beaucoup de bien. Que le film ne soit pas totalement réussi, devient alors secondaire. [critique ici >>>]
• Grupo 7
De 1987 à 1992, une section de la brigade des stups de Séville est chargée de nettoyer la ville avant l'Expo Universelle. Film de flics classique et sans aucune surprise, Grupo 7 se démarque par une mise en scène très efficace et une interprétation plutôt juste. Il sort directement en DVD le 16 avril.