Touristes
Publié le 3 Janvier 2013
Le film aurait pu s'appeler God bless England, mais le titre était, pour ainsi dire, déjà pris. On trouve évidemment bien des points communs entre ces deux récits de
dézingage, avec cependant une différence de taille : si les morts de God bless America sont tous des cons, ceux de Touristes, le premier mis à part, ne sont pas plus cons que
vous et moi.
Ça démarre sur les chapeaux de roue avec un prologue jubilatoire. On y découvre Tina, trentenaire mélancolique coincée par sa mère possessive et neurasthénique, préparant son
départ en vacances avec Chris, barbu souriant, qui se révèlera bientôt particulièrement psycho-rigide. Les vacances vont s'avérer singulières, entre découverte de la sexualité débridée pour Tina,
et confrontation avec des altérités hostiles pour les deux.
Lancé à toute vitesse donc, le film s'essoufle très vite et ne parvient bientôt plus à nous surprendre. En vérité, Touristes souffre des mêmes travers que Kill
list, le précédent film de Ben Wheatley. Ne parvenant pas à garder le rythme, il devient systématique, gère difficilement les différences de style, et perd en cohérence. Chaque élimination
devient attendue, chaque "interlude" sans saveur. Même problème pour la forme : trop de ralentis, trop d'effets appuyés, donnent le sentiment d'avoir affaire à un cinéaste amateur.
Cela est bien dommage car Touristes baigne dans un mauvais goût britannique fort savoureux, regorgeant de gags réussis et de situations burlesques. Il y avait là matière
à un film beaucoup plus grinçant et barré. On notera également le talent des deux comédiens, Steve Oram, et surtout Alice Lowe aussi bonne en fifille coincée qu'en tueuse sans scrupules. Gardons
cependant l'œil sur Ben Wheatley, qui devrait bien finir par réussir totalement un film...
Un AUTRE point de vue ? >>> Lisez la critique de Fred