L'artiste et son modèle

Publié le 3 Avril 2013

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On lit partout que L'artiste et son modèle est un film classique. La question n'est pas là. Il n'est d'ailleurs pas plus classique que n'importe quel film. On peut par contre s'interroger sur sa manière d'évoquer la création. Est-on dans le processus créatif, est-on dans l'histoire de l'art pour les nuls ? Tout cela n'est-il pas un peu convenu ?

Le début est très beau. Superbe noir et blanc, le sculpteur ébouriffé au milieu des arbres, en plein vent, la nature est là, partout, tout autour de lui. Tout est dit. On comprend quel artiste il est, ce qu'il recherche, ce qu'il aime. La première bonne impression est confirmée par le choix de Claudia Cardinale, pour incarner l'épouse et muse du vieux sculpteur. On n'a aucune difficulté à l'imaginer posant jadis pour tous les grands, elle qui fut l'une des plus belles femmes du monde sous les feux de Visconti, Fellini ou Leone. Son rôle est ici magnifique. L'arrivée de Mercè complète le trio. La beauté pure et sauvage va servir de lien entre la nature et la création. On pense alors à la manière dont Visconti en parle (et Thomas Mann avant lui) dans Mort à Venise. Mais Trueba n'est pas Visconti.

Le film atteint son point culminant lors d'une scène merveilleuse autour d'un dessin de Rembrandt. Le dialogue entre l'artiste et son modèle est aussi juste que bouleversant. Les deux interprètes (le vieil acteur et la jeune actrice), y sont formidables.

Et puis il semble que les scénaristes (Trueba et Carrière) aient voulu en rajouter, comme s'ils craignaient qu'on ne les comprenne pas, comme s'ils ne faisaient pas confiance à la mise en scène, à l'image, au talent des comédiens. Le film s'engage alors sur une pente descendante, brisant la ligne claire qui le guidait jusqu'alors. En fabriquant des scènes inutiles (la visite de l'officier allemand) et des intrigues sans intérêt (le résistant), L'artiste et son modèle casse définitivement le bel élan de sa première partie. Pire, devenant verbeux (presque people parfois : "Mon ami Matisse...", "Comme disait Cézanne..."), il s'installe dans le portrait convenu d'un sculpteur académique et sans talent. La fin ne fait qu'en rajouter.

La déception est donc à la hauteur des promesses du début. On gardera cependant le souvenir de superbes images, de silences habités, de trois excellents interprètes.

 

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Rédigé par pierreAfeu

Publié dans #Coups moyens

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