De rouille et d'os
Publié le 27 Mai 2012
Au petit jeu des statistiques, Audiard s'en sort encore. Sur ses quatre derniers films, deux sont bons, un autre est moyen, et le tout dernier est (presque) totalement raté. Celui que l'on voyait jusqu'alors comme le nouveau grand cinéaste français, ferait bien de revoir ses copies avant de revenir nous voir. Pour être clair, De rouille et d'os n'a qu'un seul intérêt, Marion Cotillard.
Le film narre la vie parallèle et la rencontre de deux personnages, Ali, loser pas magnifique, et Stéphanie, femme de tête (et de chair) mais bientôt sans jambes.
Tout ce qui concerne Ali est mauvais, le fond social, le fils, la sœur, les combats clandestins... ça suinte le cliché et le déjà-vu puissance 1000, et cette manière très bourgeoise de gauche de filmer la misère des pauvres est quasiment insupportable. À ce titre, la fin culmine dans le genre "oh non, il a pas fait ça ?"... Celui qui avait su rendre profondément romanesque une réalité terrible dans Un prophète se vautre ici dans une putasserie digne des chaînes de la TNT. On n'en dira pas davantage du personnage d'Ali, qui, à l'image de son background, n'a aucune consistance.
Marion Cotillard donc, tout simplement éblouissante, sauve le film du naufrage et de l'ennui. On s'ennuie souvent certes, mais sa justesse de jeu, pour peu qu'on arrive à se concentrer sur elle, réussit à nous faire oublier le reste. Ça ne suffit pas évidemment, tout comme les quelques rares (très rares) scènes réussies, à rendre le film honorable. Il y avait pourtant quelque-chose à raconter avec cette fille toute de matière brute, mais Audiard préfère se concentrer sur les torses nus des hommes qui se battent. Il filme bien, comme toujours, mais le niveau de cinéma qu'il avait atteint dans son précédent film tourne ici à vide. Ce qui était juste devient maniéré, ce qui était abstrait devient creux, le ralenti tue le ralenti, et même la BO sonne faux.
Cerise sur le gâteau, le film est beaucoup trop long, et ne nous épargne pas une dernière partie quasiment grotesque. De rouille et d'os est raté, vide et ennuyeux. Et pourtant, les effets spéciaux sont bons.