Le complexe du castor
Publié le 28 Mai 2011
On aime bien Jodie Foster, son talent, sa francophilie, sa liberté personnelle. On la dit même surdouée. Aussi, lorsqu'elle nous livre un film de bonne élève, on reste sur notre faim. Son joli premier film, Le Petit homme n'a laissé que peu de souvenirs. Il en sera de même pour celui-ci.
Le sujet, c'est la communication, ou comment trouver des biais pour dire ce qu'on a sur le cur, une marionnette pour l'un, le graff ou l'écriture pour d'autres. Ainsi, Walter cherche à soigner sa dépression dévastatrice par le truchement d'un castor à qui il donne sa parole. Pourquoi pas. On accepte assez vite le procédé, et ce n'est pas un problème.
Ce qui gène dans ce film tient à sa mécanique apparente (comme on le dirait de poutres...). Plutôt bien filmé, Le complexe du castor n'en demeure pas moins parfaitement impersonnel. Mêlant le vocabulaire du ciné US indépendant (Gus Van Sant aurait dû déposer son procédé de filmage de couloirs de lycée, il se serait fait des couilles en or), et la méthode du mélo à l'hollywoodienne, la mise en scène et le scénario ne réservent aucune surprise. Tout est bien huilé, propre, net, sans bavures et sans fioritures.
Et même si la manière un peu rapide dont le fameux castor fait son entrée dans l'histoire paraît un peu tirée par les cheveux, on en accepterait l'incongruité si le film nous permettait l'empathie avec ses personnages. Or, on n'arrive jamais ou presque à s'intéresser vraiment à ce qui se passe. Malgré des schémas relationnels intéressants entre le père et ses fils, entre Walter et Meredith, il faut bien admettre qu'on se fout un peu de leurs histoires.
Les acteurs ne déméritent pas. Mel Gibson est assez convaincant même s'il ne possède que peu de cordes à son jeu, Jodie Foster est parfaite (et garantie sans botox, ça fait du bien), et les seconds rôles Anton Yelchin et la désormais incontournable Jennifer Lawrence également. Pas complètement nul, mais pas passionnant, Le complexe du castor sera vite oublié.