Au nom du fils

Publié le 7 Mai 2014

Au nom du fils

Présenté en mega avant-première en octobre dernier dans le cadre du 5e Festival de l'Absurde Séance de Nantes (>>>), Au nom du fils n'est pas seulement un brûlot anticlérical sur fond de pédophilie, et c'est tant mieux. Plus riche, plus ambitieux et plus complexe qu'un simple défouloir, le film de Vincent Lanoo tente de faire coexister différentes humeurs cinématographiques. S'il n'y parvient pas totalement, on ne peut que saluer la démarche.

La première bonne idée du film est de nous plonger au cœur d'une famille profondément catholique, avec un savant dosage de second degré et d'empathie. On découvre alors le personnage d'Elisabeth, héroïne du film, mère bienveillante et profondément croyante, toujours en quête de réponses spirituelles. Elisabeth anime une émission de libre antenne sur une radio religieuse, et se montre aimante avec ses fils et son mari.

Le bel équilibre vole bientôt en éclats. Quelques morts, des catastrophes mêlant homosexualité et pédophilie, quête de vérité, désirs de vengeance et crise de foi, l'univers d'Elisabeth bascule, et elle avec. Le film nous procure alors de belles crises de rire, même s'il se garde bien de partir en vrille. Finalement beaucoup plus sage qu'on aurait pu l'espérer, Au nom du fils, dans son constant souci de proposer un second degré "sérieux", prend le risque de se brider et de n'enfoncer que des portes ouvertes.

Cependant, on ne s'ennuie pas. Rythmé et plutôt bien filmé, le récit fait la part belle au dézingage de curés, tout en illustrant l'évolution morale d'Elisabeth. C'est lorsqu'elle se rend compte que la situation lui échappe, que la vengeance ne lui apporte rien, et surtout qu'elle risque de créer une nouvelle guerre de religions, qu'elle lève le pied et retrouve ses esprits.

Dominé par l'excellente interprétation d'Astrid Whetnall, le film fait du bien, mais ne procure pas d'extase. À trop vouloir bien faire, Vincent Lanoo n'atteint pas totalement son but. Si ses questionnements sur les extrémismes religieux, les scandales pédophiles et l'auto-justice sont légitimes, ils n'apportent finalement pas de réponse qu'on ne connaisse déjà. S'il manque de folie, Au nom du fils n'en demeure pas moins gentiment barré et tout à fait recommandable.

Film vu en présence d'Astrid Whetnall, classe, drôle et chaleureuse, qui dut répondre seule aux nombreuses questions posées...

Rédigé par pierreAfeu

Publié dans #Assez bons coups, #Festivals, #Avant première

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