Wadjda
Publié le 23 Janvier 2013
La curiosité qui peut nous mener à voir le premier film jamais réalisé en Arabie Saoudite, qui plus est par une femme, se transforme vite en intérêt pour un bon film qui a l'intelligence de
n'être ni didactique ni caricatural. Raconter une histoire simple à portée universelle, c'est aussi ça le cinéma.
Car la volonté de la réalisatrice de Wadjda, Haifaa Al Mansour, n'est pas de se poser en conquérante, ni même en militante. Si, à travers l'histoire de cette
jeune fille entêtée, elle dresse un portrait édifiant de la condition des femmes dans son pays, elle ne transforme pas son film en tribunal. Caressant l'espoir d'une émancipation douce
et progressive, elle dédie son récit à toutes les filles qui ont dû, un jour ou l'autre, faire une croix sur leurs rêves.
Le temps de Wadjda fillette est compté. Dans quelques mois sans doute, lui demandera-t-on de se plier aux règles strictes imposées à sa mère, sa tante, ses amies. Dans
l'entre-deux qui est aussi le temps du film, elle expérimente l'audace et entrevoit la liberté. À ses côtés, sa mère, amoureuse et rejetée, et Abdallah, amoureux d'aujourd'hui, espoir peut-être
des progrès à venir, vont l'accompagner dans sa rébellion tranquille mais tenace.
Wadjda est un film intelligent. L'écriture est rigoureuse, la mise en scène discrète mais efficace, le tempo parfait. En tête de casting, la jeune Waad Mohammed se
taille la part du lion. Elle incarne tête haute cette Wadjda plus futée que rebelle, douce et entêtée. Les actrices qui l'entourent sont également très justes. Les figures masculines, le père et
l'amoureux, davantage complémentaires qu'opposées, sont traitées et interprétées avec l'art de la nuance qui caractérise le travail de la réalisatrice.
On pourrait reprocher au film un classicisme presque scolaire, un léger manque de souffle, ce serait pinailler. Wadjda est un beau film, simple et lumineux.
Film vu en avant-première en présence de sa réalisatrice,
Haifaa Al Mansour, aussi touchante que déterminée,
et dans le cadre de My own private festival by mymp sur Christoblog :