Dans la brume
Publié le 3 Février 2013
Alors qu'il est souvent jouissif de descendre un film, c'est quelquefois embarrassant. Du reste, Dans la brume n'est pas un film que l'on démolit. Cannois 100% avec pour sujet la seconde
guerre mondiale, biélorusse qui plus est, Dans la brume est un film que l'on se doit de respecter.
De fait, le film est totalement maîtrisé. Scénario, mise en scène, interprétation a minima, rien n'est laissé au hasard. On sait alors que ce qui nous est donné à voir est un tout. C'est
ce tout, froid et désespérant, qui est à prendre. Ou à laisser. On ne reprochera donc rien à un sujet philosophico-guerrier, qui peint le destin solitaire et douloureux de trois types
coincés par l'occupation allemande. C'est inattaquable.
Mais alors, quel est le problème ? Le problème c'est qu'on s'ennuie, c'est qu'on s'endort, c'est qu'on se détache très vite de cette histoire profonde qui ne nous touche pas.
Jamais. Dans la brume, c'est un peu comme si Sergei Loznitsa avait appliqué à son sujet une méthode de traitement standardisée, genre "plus c'est long plus c'est profond", ou
"plus c'est âpre, plus c'est beau". On n'est donc jamais loin de la caricature, tant le film ne s'éloigne un seul instant des chemins balisés par le conformisme d'un cinéma ultra codifié, le
cinéma difficile qui fait réfléchir, davantage théâtral que cinématographique d'ailleurs. Car on peut s'extasier devant la beauté des images, ou pas. Rien de fantastique en effet. Rien non
plus côté interprétation. Les acteurs jouent le masque et c'est tout.
C'est d'autant plus dommage qu'il y a là de la matière, de la volonté, et une indéniable sincérité cinématographique. On notera quelques flash-back audacieux, des hors champs signifiants,
des regards lourds de sens. Mais le plus souvent, ce sont nos paupières qui sont lourdes...
Film vu dans le cadre de My own private festival by mymp sur Christoblog :