OSS 117 : Rio ne répond plus
Publié le 27 Avril 2009
Revoici donc Hubert Bonisseur de la Bath, véritable héros frenchy, archétype de tout ce qu'un français peut représenter aux yeux du monde : arrogant, sûr de lui, misogyne, raciste, inadapté aux langues et à ce qui l'entoure. En un mot : suffisant.
Générique split-screen ad hoc, déco sixteen en diable (dont les chefs d'uvre d'architecture que sont les réalisations brésiliennes d'Oscar Niemeyer), reconstitution parfaite sans jamais être ostentatoire, mise en scène élégante sur un scénario brillant et rythmé, les ingrédients du premier opus d'OSS 117 sont là, avec cette fois-ci une absurdité dans les situations, et surtout une perfection dans le portrait du héros qui surpassent Le Caire nid d'espions. Parce qu'OSS 117 c'est ça : un personnage parfait. Et rien de tel qu'un type à priori antipathique, voire un sinistre abruti, ayant tout de même pour lui une certaine classe, un charisme, pour incarner un héros absolu (ce que De Funès avait compris en son temps).
Ici, 12 ans après sa première aventure, OSS 117 se trouve totalement décalé avec le monde qui l'entoure. Il n'y comprend rien, campé qu'il est sur les valeurs patriarcales de la 4ème République. Au-delà même du sujet et des sorties désormais connues sur les juifs et les nazis, le film d'Hazanavicius est maîtrisé jusque dans les moindres détails. On ne peut pas citer tous les moments hilarants, les répliques cultes en devenir, les preuves de l'inculture d'Hubert (notamment sa définition d'une dictature), les blagues pourries mais au combien drôles, les situations absurdes.
OSS 117 est comme une BD pour enfants que les adultes adorent lire, une fantaisie brillante et maîtrisée, un divertissement dans son acceptation la plus noble.
Jean Dujardin est évidemment pour beaucoup dans cette réussite. Du faciès d'abruti au regard vide, du rictus suffisant à la démarche clinquante, il est parfait de bout en bout et s'impose définitivement comme un grand acteur. Il faut savoir rire de soi pour jouer un tel rôle, ce qui est tout à son honneur.
OSS 117 : Rio ne répond plus prouve sans contradiction possible que les récentes déclarations de Gad Elmaleh sur la comédie victime des critiques mais sauvée par le public, puent le poujadisme et le foutage de gueule. Le vrai sujet, c'est la qualité d'un film. OSS 117 : Rio ne répond plus possède, lui, toutes les qualités d'une comédie réussie. Ça fait du bien !