Fatima • DVD

Le cinéma social est presque un genre en soi. Inscrit dans une réalité dont chacun peut vérifier l'authenticité, son ambition est de rendre compte et de donner témoignage par le biais de la fiction. Écartant bien souvent le lyrisme qui fit la puissance du néo-réalisme italien, refusant généralement le mélange des styles, ne s'accordant aucune respiration, il réussit le plus souvent à n'être que lourd et didactique.

À l'opposé du raté La loi du marché, Fatima réussit à éviter les éccueils du genre en faisant le choix de la douceur et de l'optimisme. Aussi, ni misérabiliste ni fataliste, et même s'il n'évite pas certains clichés (dans la représentation d'un racisme systématique notamment), il avance avec une certaine légèreté et une saine énergie.

Il serait par ailleurs malhonnête de taxer la mise en scène de Philippe Faucon d'inexistante ou de téléfilmesque. Si elle reste simple et discrète, elle s'impose surtout dans le travail du cadre, la manière d'y placer les actrices, le choix de contraster la lumière. On est en tout cas ni dans la grisaille habituelle, ni dans la négation du cinéma.

Le récit apporte au film la naïveté qui le rend optimiste. Et si les personnages sont archétypaux, la manière dont ils évoluent en façonne les nuances. Le roman social fait son chemin et, sans pathos ni sentimentalisme, réussit à sortir le film du carcan dans lequel on voudrait l'enfermer. À l'image du très beau dernier plan, Fatima est un film qui vit sous la lumière.

On regrettera cependant un grand déséquilibre de jeu entre les trois actrices (Fatima et ses filles). Soria Zeroual et Zita Hanrot sont justes et touchantes quand Kenza Noah Aïche est souvent fausse et trop en force, la faute peut-être à certains dialogues maladroits et trop écrits. Tout cela nuit malheureusement au film et l'empêche de prendre totalement son envol.

DVD édité par PYRAMIDE FILMS
Sortie le 1^er mars 2016