Source code

Publié le 25 Avril 2011



Après Moon, son premier très beau film couvert de lauriers mais scandaleusement absent des écrans français, Duncan Jones propose avec Source code un "huit minutes sans fin" à mi-chemin entre thriller et science fiction.

De Moon on retrouve un héros solitaire qui ne maîtrise pas tout de la mission qui lui est confiée, un décor clôt et un univers visuel hors des modes. Habilement construit, le scénario privilégie action et efficacité dans une course contre le temps palpitante, qui a le bon goût de nous épargner discours oiseux à la Nolan et romance niaiseuse.

La mise en scène efficace et graphique de Duncan Jones transforme le récit en abstraction ludique et récréative. Jamais prétentieux, admirablement rythmé, le film réussit à rendre ses héros attachants sans en dire beaucoup. S'il ne possède pas la beauté mélancolique de Moon, Source code remplit totalement son contrat.

De quasiment tous les plans, Jake Gyllenhaal prête sa virilité juvénile à ce héros fragile mais déterminé. Il est parfait. A ses côtés, Michelle Monaghan et la toujours excellente Vera Farmiga font davantage que de la simple figuration. Maîtrisant technique, mise en scène et direction d'acteurs, Duncan Jones confirme l'épaisseur et la qualité de son talent. Celui dont il faut désormais cesser de préciser de qui il est le fils, vient de prouver en deux films qu'il a tout l'avenir devant lui.

Rédigé par pierreAfeu

Publié dans #Bons coups

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P
Christophe, tout d'abord une erreur dans ton texte : Moon a également été projeté au Festival Les Utopiales de Nantes (dont il a remporté le 1er prix). <br /> <br /> Deuxièmement, en ce qui me concerne, je ne m'affecte de rien. J'ai d'ailleurs chroniqué Moon sur ce blog l'année dernière (et l'ai classé dans mon top 10 des films 2010). Ensuite, rappeler à tout bout de champ que Duncan Jones est le fils de David Bowie me semble extrêmement condescendant, le fils n'ayant plus besoin du père pour exister. <br /> <br /> Pour le reste, je maintiens mon avis sur le bon niveau de ce film qui, s'il possède des effets spéciaux moyens, évite tous les défauts d'Inception, et me semble parfaitement honnête, bien qu'il n'atteigne pas la beauté profonde de Moon.
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C
Duncan Jones, fils de David Bowie, auteur de Moon, que tout le monde affecte aujourd’hui d’avoir vu (et apprécié), alors qu’il n’a été projeté en France qu’au Festival international du film fantastique de Gérardmer, avant une sortie directe en DVD, reprend ici le principe d’Un jour sans fin, d’Harold Ramis. Avec moins de bonheur, cependant. Cette forme de récit semblait pourtant parfaitement adaptée à un thriller. Mais le réalisateur hésite entre les genres. Ainsi, après quelques scènes d’action moyennement convaincantes, dont on retiendra surtout qu’elles sont illustrées par des effets spéciaux d’une pauvreté évoquant les téléfilms catastrophes diffusés le dimanche après-midi sur les chaînes de la TNT (médiocrité d’autant plus criante que le spectateur à tout le loisir d’analyser les défauts d’une séquence qui lui est proposée selon différents point de vue, avec seulement quelques variantes), le film s’embourbe-t-il peu à peu dans une intrigue sentimentale aussi peu émouvante qu’improbable. Quant aux considérations philosophiques, de toute évidence elles intéressent peu le rejeton de Bowie. Ou elles le dépassent. Quoi qu’il en soit, on reste très en surface des questions que son histoire soulève. L’interprétation ne relève guère l’intérêt de Source code. A force de passer son temps à se réveiller, Jake Gyllenhaal donne l’impression d’être atteint de la maladie de Gélineau. L’état réel dans lequel se trouve son personnage peut toutefois expliquer son jeu (sans vouloir trop en dire, disons qu’il est assez proche de celui de Joe Bonham...). Michelle Monaghan n’est pas plus à son avantage. Mais il est vrai que son rôle est assez ingrat, devant rejouer plusieurs fois la même scène, tout en restant dans l’ignorance -contrairement à son partenaire- des enjeux… Bref, Source code n’est qu’un blockbuster sans âme, même s’il veut se donner des airs de film d’auteur. Une grande mode depuis Inception…
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G
Comme toi j'ai bien aimé, mais pas tout à fait pour les mêmes raisons. J'ai détesté la "prestation" de Michelle Monaghan, j'ai destesté la romance à deux balles, et je lui reproche (un petit peu) un manque d'envolée Nolannienne, justement.
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P
Mes réticences quant verbiage de Nolan ne sont pas nouvelles puisqu'elles remontent à ma critique de The dark knight... Quant à la love story, elle est ici réduite au minimum et demeure davantage de l'ordre du fantasme que de l'histoire encombrante. On est en effet en-dessous de Moon qui est une petite merveille...
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F
Tout à fait d'accord avec ta critique sauf le couplet sur "Inception" évidemment, (curieusement devenu une tête de Turc chez toi, alors que tu l'avais bien côté à sa sortie) et la romance niaiseuse qui reste bien présente, et moyennement convaincante, dans ce "Source code".<br /> <br /> Dommage que le film se cantonne à son statut de divertissement bien mené mais limité dans ses ambitions. Sans son final hollywoodien et avec un peu plus de profondeur et d'envergure, le film aurait mieux exploité ses excellentes idées et on tenait peut-être une date dans la SF des années 2000 (ce qu'est peu ou prou "Moon", si je me fie à l'avis général).
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