L'instinct de mort
Publié le 31 Octobre 2008
Dès le générique, magnifique, le ton est donné : le personnage Mesrine est au coeur du film. Les autres ne sont que secondaires. Après le biopic friqué sur la chanteuse à l'enfance pauvre, le biopic conspué sur le comique au grand coeur, le dyptique de Richet serait donc le biopic "à l'américaine" sur l'ennemi public numéro 1. Pas si simple.
L'intérêt du genre n'est pas tant de raconter la vie d'une célébrité, que de replacer celle-ci dans une époque, la petite histoire s'imbriquant dans la grande, l'une donnant du sens à l'autre et réciproquement.
Le film de Richet commence donc par l'assassinat de Mesrine. Puis il repart en arrière. On oublie très vite les images encore en mémoire du gangster le plus connu de France, pour découvrir des épisodes jusqu'alors inconnus de son existence, guerre d'Algérie, retour de la guerre et plongée progressive dans le monde des voyous parrainée par un membre de l'OAS. Si le film a des faiblesses, c'est dans cette première partie un peu longuette qu'elles se nichent. Très vite en effet, dès la rencontre de Jeanne puis la fuite au Canada, le rythme ne retombe pas.
Visuellement très réussi, mêlant habilement reconstitution historique discrète et références au cinéma de genre (l'utilisation récurrente du split-screen est ici à la fois légitime et superbe), le film de Richet ne nous fait pas le portrait d'un héros mais celui d'un homme impulsif, presque enragé, toujours en marge. La mort y est brutale, comme dans tout film de gangsters, qu'elle soit donnée par un type qui a réellement existé modifie le point de vue, même si le personnage romanesque devient presque un héros de fiction. C'est ici que réside la réussite du film. Les scènes d'action sont spectaculaires, le sous-texte historique bien amené, les liens de Mesrine avec les femmes subtilement peints, la musique parfaite.
A celà s'ajoute un casting impeccable : Cassel est sobre et juste, Depardieu au mieux de sa forme, Cécile de France excellente. On attend donc le volet numéro 2 avec une certaine impatience.