Les herbes folles

Publié le 25 Janvier 2010

Il est utile d'acheter Télérama une fois par an, cela permet de voir des films que l'on avait laissés filer...




Inutile d'évoquer l'âge du capitaine pour prendre du plaisir devant Les herbes folles. Certains s'extasient devant les 80 ans et quelques de Resnais avant même de voir son film, ce qui est aussi stupide que de se fier au budget d'Avatar pour présumer de ses qualités.

Or ce qui frappe avant tout, c'est que Les herbes folles est bien un film de Resnais. On y retrouve son plaisir à tritouiller le langage et à plonger le spectateur dans l'absurde, son art du montage, du tempo musical et de la digression visuelle, son goût du détail en terme de cadre et de décoration. Certes, le grand réalisateur n'est plus au sommet de son art, celui qui faisait de Providence, Mon oncle d'Amérique ou L'amour à mort des œuvres incandescentes, mais le plaisir qu'il prend à s'amuser avec son récit et ses personnages est encore pleinement communicatif.

A la fois maîtrisée et libre, sa narration explore à nouveau, et comme toujours, les différentes manières de dire et de raconter. Partant d'un événement banal, le film suit la trajectoire de Georges Palet et de ses disfonctionnements jusqu'à ce qu'elle entre en collision avec celle de Marguerite Muir. Quelquefois trop bavard (même si la voix-off narrative est fort plaisante) ou discutable dans son casting (Anne Consigny en femme de Dussollier), Les herbes folles se regarde avant tout comme un divertissement gentiment surréaliste dans lequel de simples détails (la braguette de Dussollier par exemple) prennent le pas sur l'ensemble sans aucun complexe.

Léger et plaisant, le film s'inscrit dans le tracé des précédents films du cinéaste (On connaît la chanson ou Cœurs) en plaçant au centre de l'histoire l'infiniment petit et ses conséquences démesurées. Rien à dire côté casting. Dussollier est comme toujours excellent, Azema fidèle à elle-même et Amalric, Devos et les autres à la hauteur de la partition offerte par le cinéaste.

Une fois de plus, Les herbes folles permet de méditer ce vieil adage : "un petit film de Resnais vaut mieux qu'un grand film de la plupart des autres".

Rédigé par pierreAfeu

Publié dans #Bons coups

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