Animal kingdom
Publié le 29 Avril 2011
Insolite à tous points de vue, australien, premier film, drame shakespearien chez les gangsters, sorte de remix du "famille je vous hais" de Gide, Animal kingdom se présente comme une étude ethnologique particulièrement glaçante.
L'une des premières images nous montre une représentation en "cuivre" du Roi des animaux et de ses proches, métaphore idéale de ce que sera le film, huis-clos étouffant au cur d'une famille de gangsters lambda de Melbourne. Nous ne sommes pas chez les mafieux de Scorsese qui roulent sur l'or et se vautrent dans le mauvais goût. Dans la famille Cody, on "travaille" pour vivre, rien d'autre. On se questionne même sur l'avenir du métier, les issues possibles pour changer de voie (parmi lesquelles la bourse !). C'est une famille d'hommes surveillée par le regard protecteur et intrusif d'une mère lionne, une famille où la virilité doit être montrée, une famille de règles.
Josh l'intègre après la mort de sa mère (la sur de la fratrie) et se confronte à ses codes, tout comme il se confronte à la famille "normale" de sa petite amie. Ce qui frappe en premier dans Animal kingdom, c'est la maîtrise de l'ensemble. La mise en scène est admirable, étouffante, anxiogène, le cadre précis, la bande son sophistiquée, le rythme travaillé, jouant de la lenteur et des ellipses pour amplifier la pesanteur d'un récit particulièrement glauque. Peu d'action mais une ambiance moite et de plus en plus angoissante au fur et à mesure que le fil se détisse (ou se tisse selon le point de vue). Présentant une galerie d'hommes virils, détraqués ou trouillards, et de femmes à la présence en apparence discrète, le casting participe à l'harmonie cinématographique de l'ensemble.
Premier essai réussi pour David Michôd. On attend la suite.