3 cœurs

Publié le 28 Août 2014

3 cœurs

Avec 3 cœurs, Benoît Jacquot signe une sorte d'acte de foi. Il faut en effet croire au cinéma pour réaliser tel mélo, drame bourgeois hors du temps et en équilibre qui ne tient que par les conventions du romanesque, lesquelles reposent précisément sur la notion de croyance : il faut croire à cette histoire improbable pour qu'elle fonctionne.

Et on y croit. On y croit parce que Jacquot ne se moque pas de nous, ne nous prend jamais par surprise, met tout sur la table, les liens d'amour et de passion qui lient ses personnages, l'invraisemblable situation de départ devenant alors nœud de tragédie et chaque personnage figure dramatique.

C'est donc l'histoire d'un homme perdu entre deux femmes, deux sœurs, un homme perdu entre amour et passion, submergé, le cœur sans cesse bousculé. Au propre comme au figuré. L'histoire est donc simple, et il faut toute la maîtrise de Jacquot, toute l'élégance de sa mise en scène, la superbe partition de Bruno Coulais pour faire de 3 cœurs un mélo aussi élégant qu'enivrant.

Il faut surtout des interprètes exceptionnels. Benoît Poelvoorde est impeccable, parfaitement crédible en amoureux dépassé. Catherine Deneuve est délicieuse en maman gâteau désireuse de nourrir ses enfants, les gaver presque, organiser des repas, faire des charlottes, fumer des cigarettes en pyjama à fleurs...

Et puis Charlotte Gainsbourg et Chiara Mastroianni, les deux meilleures actrices de leur génération, merveilleusement réunies, unies dans ce lien familial intense, sœurs de cinéma dont on se souviendra longtemps. Si Charlotte Gainsbourg est dans un registre que l'on connaît, intense en figure torturée, puissante par un simple regard, un sourire, Chiara Mastroianni que l'on voit moins au cinéma [et quel dommage] est ici littéralement bouleversante. Son talent est immense, les nuances de son jeu infinies, sa grâce renversante.

3 cœurs repose donc sur cette équation d'équilibriste, un mélo impossible, un scénario d'orfèvre, une mise en scène raffinée, et des interprètes de très haut niveau. Aussi désuet qu'intense, film d'un autre temps presque, intemporel finalement, il s'imprime en nous, nous accompagne... le regard noir de Charlotte Gainsbourg, les yeux embués de Chiara Mastroianni, des actrices, des icônes, le cinéma.

>>> Vu en avant-première en présence de Benoît Jacquot et de sa productrice Alice Girard.

Rédigé par pierreAfeu

Publié dans #Bons coups, #Avant première

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M
Mon Dieu… L'approche de la cinquantaine ne te réussit pas on dirait pour encenser un truc pareil, lourdaud, ennuyeux et sinistre… Soit tu souffres de gâtisme avancé, soit tu t'es transformé en vieille bourgeoise :)
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P
Merci bien.