Août 2018
Publié le 1 Septembre 2018
Christopher McQuarrie
Suite directe du précédent, ce nouvel opus de la saga MI clôt un cycle et nourrit plus en profondeur le mythe de son héros. Créateur omnipotent et interprète habité, Tom Cruise confirme la figure d'Ethan Hunt en double casse-cou et mélancolique dont la trajectoire solitaire le confronte constamment au vide et à la démesure. Moins méthodique, parfois maladroit ou malhabile, souvent à bout de souffle, le personnage devenu quinquagénaire, improvise davantage, ne cache plus ses failles, tombe, se relève et court de manière insensée. Les personnages semblent désabusés, les méchants ne défendant leur cause qu'à demi-mot, les gentils évoquant un devoir dont ils ne maîtrisent plus le sens. Le récit lui-même, développant une trame héritée de la guerre froide, s'auto-rythme à grands coups de twists et, de Paris au Cachemire en passant par Londres, ne sait plus s'il doit faire voyager le spectateur au lieu de le surprendre. Se dessine alors un Hunt profondément perturbé se raccrochant à une famille de cœur qui semble seule à même de le comprendre. Tom Cruise donne tout mais reste un mystère qui passionne bien au-delà du simple récit d'aventure à gros budget. Et s'il en disait davantage sur lui quand il marche comme un type lambda au Palais Royal, quand il parle français, quand il sourit ? Porté par un casting brillant (dominé par Rebecca Ferguson en double féminin), ce nouvel épisode confirme la puissance romanesque de la saga. À quand le prochain ?
David Robert Mitchell
Après s'être inspiré de Carpenter dans le brillant It Follows, David Robert Mitchell convoque Lynch et Hitchcock (et forcément De Palma) dans un Los Angeles à la Bret Easton Ellis version discount. La belle partition de Disasterpeace et la narration lente de la première partie nourrissent un mashup efficace entre les 50's et l'environnement contemporain geek de trentenaires biberonnés aux jeux vidéos et au grunge. Andrew Garfield prête sa dégaine mi-sexy mi-gauche à un personnage de grand couillon bien souvent à l'ouest.
L'élan initial ne tient malheureusement pas ses promesses et la seconde partie peine à transformer un récit en surface qui ne restera pas dans les mémoires. Fourre-tout à chausse-trapes plutôt réussi formellement, Under the Silver Lake souffre d'une narration chaotique qui manque sérieusement de souffle et de densité. Malgré une approche burlesque plutôt bienvenue, la déception l'emporte.
BLACKKKLANSMAN - J'AI INFILTRÉ LE KU KLUX KLAN
Spike Lee
C'est un peu Starsky et Hutch au KKK mais avec un Hutch noir... Inspirée de faits réels, l'aventure est nécessairement intéressante, les images de fin venant rappeler combien l'histoire se répète. Pour le reste, Spike Lee fait le job sans éclat.
SAUVAGE
Camille Vidal-Naquet
De presque tous les plans, Félix Maritaud offre un jeu animal à ce jeune prostitué dont le mode de vie constitue un violent apprentissage de la liberté. Au plus près des corps, pour le meilleur et pour le pire, Sauvage ne cherche heureusement pas à délivrer de message et réserve quelques beaux moments.
SOLLERS POINT - BALTIMORE
Matthew Porterfield
Le nouveau long métrage de Matt Porterfield, porté par le charismatique McCaul Lombardi (découvert dans American Honey), dresse le portrait de Keith et place Baltimore au cœur d'un film sobre, subtil et très élégant.
IL OU ELLE (THEY)
Anahita Ghazvinizadeh
Au moment de prendre une décision déterminant le cours de sa vie, J se place en observation de celles et ceux qui l'entourent. À l'image de J, sa sœur, le compagnon de sa sœur et sa famille se trouvent confrontés à un choix. Ainsi le propre questionnement de J, celui de décider des hormones qui vont agir sur son corps, résonne avec d'autres interrogations venant le placer en perspective. Belle mise en scène, très douce et sensorielle, beau rapport aux plantes et à la terre.