Et puis les touristes
Publié le 27 Mai 2008
On arrive toujours à Auschwitz par le train. Ou bien en autobus. Ce point de rencontre est à la fois un lieu de mémoire et un lieu de différences. La grande force de ce film est de confronter des êtres qui se croisent et tentent de se comprendre.
Le jeune Sven venu dans le cadre du service civil, va créer des liens provisoires dans cette ville où le passé terrible côtoie un présent terne et sans avenir. Ni révolté, ni mouton, on ne sait rien de lui, simplement qu'il est là parce qu'il n'a pas pu aller ailleurs. Entre le vieux Krzeminski qui n'a plus quitté la ville par devoir, et la jeune Ania qui rêve de départ (donc d'évasion) il va se trouver confronté à une réalité douloureuse. Comment vivre ici ? C'est bien un film sur le devoir de mémoire qui nous est donné à voir, une mémoire désormais standardisée et soumise aux effets de l'image. Les valises des déportés doivent être rénovées, mais pas réparées. L'effet est plus important que le fond. Krzeminski a fait une promesse qu'il ne peut plus tenir. Lorsqu'il parle on écourte son discours, on lui demande d'exhiber son tatouage, il devient encombrant, hors cadre.
Loin d'une confrontation édifiante entre un jeune candide et un vieux bougon, Et puis les touristes fait un terrible constat : certains mondes sont insondables. Juste, habile, sans effets, le film touche, questionne, remet en cause notre propre regard sur la déportation. Malgré une mise en scène pauvre, un manque certain de radicalité, il évite les clichés en évoquant la tragédie par la petite porte. Un film touchant.