Oslo, 31 août

Publié le 14 Décembre 2012

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Cinquante ans après le film de Louis Malle (pas vu), Oslo, 31 août s'inspire à son tour du Feu follet de Drieu La Rochelle (pas lu) dans un récit amer et introspectif profondément désespéré. L'horizon est bas pour Anders, au presque terme de sa cure de désintoxication, revenant sur ses pas (comme sur les lieux d'un crime) 5 ans après avoir détruit sa vie, et amoché celle de quelques autres.

Alternant longues scènes dialoguées et errances urbaines, Oslo, 31 août tente de rendre compte du mal intérieur qui ronge Anders. Toujours juste dans son propos, jamais réducteur ou complaisant, le récit se heurte à sa propre intégrité. À trop vouloir tout dire, à trop vouloir bien faire, il peine quelquefois à accrocher le spectateur. C'est particulièrement édifiant dans les longues conversations du début entre Anders et Thomas, puis dans la rencontre entre Anders et l'amie de sa sœur, à la soirée d'anniversaire d'une amie. C'est un peu comme si le scénariste voulait donner toutes ses chances au personnage principal, toutes leurs chances aux autres. Il arrive donc que l'on décroche.

Mais Joachim Trier a du talent. Son film regorge d'idées qui sont autant de propositions cinématographiques. Les flash-forward très proches donnent une autre dimension au présent, quand la voix-off, qui n'est plus seulement narrative, interroge le passé. Et puis il y a cette très  belle scène centrale, dans laquelle les conversations entendues dans un café finissent par flotter dans l'air, se répondre, suivre un personnage... Aussi travaillé visuellement, toujours très bien cadré, Oslo, 31 août, propose une mise en scène subtile, riche et multiple.

Très justement interprété par Anders Danielsen Lie et tous les autres comédiens, Oslo, 31 août, s'il ne convainc pas totalement, nous fait découvrir un cinéaste à suivre.

Etoile3

Rédigé par pierreAfeu

Publié dans #Bons coups

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F
<br /> j'ai le DVD mais hésite à la revoir si vite...Je veux rester sur la première impression...<br />
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P
<br /> <br /> Film de l'année pour beaucoup, donc ?<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> A rebours, les scènes que tu cites se révèlent en fait exceptionnelles (et j'étais comme toi à la première vision du film), surtout la longue conversation avec son ami au début qui, en gros,<br /> sous-tend tout le film (et l'explicitant a posteriori).<br /> <br /> <br /> Et puis c'est ça le film, un type qui a des chances de repartir, mais qui ne les saisit pas (ou qui ne veux pas les saisir). Je l'ai déjà revu plusieurs fois, et à chaque fois il me bouleverse<br /> davantage...<br />
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P
<br /> <br /> Je veux bien te croire.<br /> C'est du vrai cinéma en tout cas.<br /> <br /> <br /> <br />
W
<br /> Quel beau film. Poétique, touchant mais c'est vrai assez désespéré.<br />
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P
<br /> <br /> C'est le moins que l'on puisse dire !<br /> <br /> <br /> <br />