La colline aux coquelicots
Publié le 15 Janvier 2012
Peu importent les tensions évoquées entre les Miyazaki, c'est ce qui nous est donné à voir (père au scénario, fils à la réalisation) qui compte. On abandonne ici les délires fantastiques qui ont rendu célèbres père et studio pour se retrouver dans une quotidienneté peut-être rêvée, en tout cas retranscrite avec volonté de réalisme, celle du Japon florissant des années 60.
Cette volonté de rendre les faits tangibles, des repas préparés et pris, à la visite à Tokyo, en passant par la discussion de deux garçons dans les urinoirs, donne corps à des personnages de
chair et de sang alors qu'ils sont dessinés. Le graphisme comme la narration, à la fois précis et naïfs, se conjuguent dans un mélodrame romanesque qui évite la niaiserie tout en se
permettant de belles audaces. S'il traite d'amours adolescentes, le film ne s'adresse pas vraiment aux enfants (bon courage aux parents pour répondre à certaines questions).
Superbement dessiné, mis en scène avec soin, La colline aux coquelicots est aussi finement écrit. Flirtant avec la nostalgie tout en évitant les clichés, narrant avec subtilité une
histoire d'amour plutôt complexe, le film traite également d'héritage, de modernité et de filiation. On se laisse rapidement prendre à cette histoire de quête et de découvertes, servie par deux
héros particulièrement attachants. Fait rare pour un film d'animation, l'émotion nous cueille avec douceur et intelligence alors qu'on ne s'y attend pas (le rêve d'Umi, l'au
revoir du tramway, le récit de la mère d'Umi).
Alors qu'on retrouve également toutes les qualités graphiques du studio Ghibli (la première visite du foyer étudiant, les rues de Tokyo, le tableau peint et tant d'autres détails), on se laisse porter par un récit délicat et fort, simple et complexe, dont la naïveté assumée est particulièrement rafraîchissante.