Dernière séance

Publié le 13 Décembre 2011

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Dernière séance est un film des années 70 tourné 40 ans plus tard. Rythme lent, bande son minimaliste, dialogues très écrits ânonnés par des comédiens pour la plupart pas très bons, le tout distillant une ambiance hors du temps, froide et mystérieuse, tels sont les ingrédients d'un film en marge, troublant, sec et vintage.

 

Laurent Achard a construit son film au millimètre. Le cadre, la lumière, les jeux de vitres et de miroirs, le hors champ très présent, le son comme suspendu dans le vide, sont le fruit d'un travail d'orfèvre. On sent l'influence d'Hitchcock et du Giallo dans ce récit fétichiste né d'un œdipe mal digéré (indigeste ?), plongeant le héros dans une fuite en avant obsessionnelle. Film d'ambiance davantage que de psychologie, Dernière séance nous refait le coup de Norman Bates avec pour toile de fond le French cancan de Renoir. L'amour est sur la toile, la vraie vie n'existe pas.

 

Il faut un peu de temps pour entrer dans le film et accepter d'étouffer dans l'univers clos de ce projectionniste quasi mutique qui collectionne les oreilles "bijoutées" des femmes. Mais une fois que le charme opère, on se laisse porter par l'atmosphère si particulière d'une œuvre radicale vouée corps et âme à l'amour d'un certain cinéma. De cette noirceur surgissent quelques notes colorées : les taches de sang, les images de French cancan, l'entraînement d'une majorette, et la plus belle scène du film, le karaoké d'une chauffeuse de taxi (formidable Brigitte Sy).

 

L'année 2011 a vu briller de nombreux films français. Par sa singularité et son désir de cinéma, Dernière séance s'inscrit pleinement dans une dynamique hexagonale que l'on espère pérenne.

 

Etoile2demi

Rédigé par pierreAfeu

Publié dans #Assez bons coups

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H
Pascal Cervo est tout de même énorme. Globalement, ça reste quand même pas terrible terrible et très plan-plan. De plus, pendant la projection, je n'arrêtais pas de penser à Peeping Tom de Powell<br /> ainsi qu'à la chanson d'Eddy Mitchell...
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