Quand on a 17 ans

Publié le 31 Mars 2016

Quand on a 17 ans

Le désir est enragé. L'illustrer par la lutte, le corps à corps brutal, le besoin de donner des coups est la brillante idée du duo Sciamma/Téchiné. Que Thomas et Damien se battent est pour eux le moyen de se rapprocher et de partager un secret, de s'y complaire, de ne pas se trahir.

La mise en scène de Téchiné est dès le départ vive et moderne. Sublimée par un montage alerte, elle nous offre une première partie magistrale. Il s'agit d'exprimer le désir, celui que deux adolescent éprouvent l'un pour l'autre, un attrait pas totalement défini, un besoin d'en découdre. Dans la nécessité de canaliser la violence qui leur retourne les sangs, ils sont attendrissants et belliqueux, refusent de baisser la garde, ne veulent pas se rendre. La caméra de Téchiné capte l'élan de vie, ce qu'on appelle la jeunesse.

Les modèles familiaux sont autour, sublimés presque, fantasmés, des mères aimantes, des pères compréhensifs, un environnement jamais hostile, et puis la montagne et ses grands espaces, la neige puis le soleil d'été, les rivières glacées. Téchiné retrouve la puissance romanesque qui habite ses meilleurs films, ces situations improbables auxquelles on croit parce que ça marche, parce qu'on veut y croire, parce que c'est beau.

Le récit a quelques ratés en cours de route, un flottement en milieu de film, certains dialogues un peu faux, certaines situations mal amenées. Si cela empêche le film de tenir pleinement ses promesses, s'il ne parvient pas à maintenir la perfection de sa première partie, Quand on a 17 ans n'en demeure pas moins une œuvre lumineuse et forte.

Kacey Mottet Klein et Corentin Fila forment un duo idéal. Entre douceur et énergie brute, ils avancent et évoluent en parallèle, se font miroirs, se réfléchissent l'un l'autre. Les accompagnant, figure féminine magnifiée, magnifiquement téchinienne, Sandrine Kiberlain est comme toujours épatante.

On aurait aimé que le film fût parfait. Mais malgré ses quelques imperfections, c'est le flux romanesque qui l'emporte, la pureté du récit, la belle mise en scène de Téchiné, son regard vif, sa foi en l'amour.

 

Rédigé par pierreAfeu

Publié dans #Bons coups

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article