Réalité

Publié le 5 Mars 2015

Réalité

Le point commun de tous les films de Dupieux, c'est le jeu. Filmer, raconter une histoire, c'est le plaisir enfantin de jouer. Wrong cops, c'était le plaisir potache d'une histoire débile, Réalité, c'est la mise en images du "on dirait que".

La Réalité du titre est à la fois le personnage d'une petite fille obsédée par une cassette video, et le fantasme après lequel tous les personnages courent. Où est le réel, quels événements sont du domaine du rêve ou de l'imaginaire, la réalité se niche-t-elle là aussi ? Récit gigogne procédant par glissements successifs, tout se retrouvant en tout, Réalité se (dé)construit comme un rêve éveillé.

La bonne idée est de placer Alain Chabat au cœur du dispositif. Alors que le récit est anxiogène, la mise en scène, les images aux tons beiges comme baignées de poussière de sable, et la douceur du comédien, enveloppent le film d'un climat tendre, très doux, apaisant. On est bien. Regarder le film fait du bien. C'est comme une histoire pour enfants, c'est angoissant mais pas trop, c'est pour de rire.

L'angoisse de l'artiste est là aussi, celle de tout être humain également. Si l'on pense à Lynch ou à la période française de Bunuel, on retrouve aussi les échos de Providence avec, comme dans le film de Resnais, une accélération des décalages, emboîtages et autres déformations de l'imaginaire et du rêve.

Visuellement très beau, comme hors du temps, Réalité se joue admirablement d'un casting franco-américain au top, le génial Alain Chabat en tête [quel acteur délicieux !], mais aussi les excellents Jonathan Lambert, Élodie Bouchez ou Eric Wareheim.

Dupieux aime le cinéma. Il le montre avec simplicité et sans prétention. Le plaisir du spectateur est là. C'est un plaisir de partage et de connivence.

Rédigé par pierreAfeu

Publié dans #Bons coups

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T
Vraiment content que tu l'aies apprécié :)
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