Jacky au royaume des filles

Publié le 30 Janvier 2014

Jacky au royaume des filles

On devrait projeter ce film de force aux abrutis obsédés par la fumeuse et fantasmée "théorie du genre". Ça les rendrait fous, et on aurait la paix. Soyons clair : Jacky au royaume des filles est un film à haute valeur thérapeutique, à défaut d'être un film à haute valeur cinématographique.

Pourtant, il fallait le faire. En transformant l'un des aspects de sa série dessinée Pascal Brutal [La Belgique gouvernée par les femmes, les hommes en burqa], Riad Sattouf n'y est pas allé de main morte. Tout y est et tout se tient. La République Démocratique et Populaire de Bubunne est une dictature militaire, qui a pour originalité d'être dirigée par les femmes, les hommes étant condamnés à les servir et porter des "voileries". On est en Iran, en Centrafrique, en Chine sous Mao, en Roumanie sous Ceausescu. Inventant un langage et des rites, Riad Sattouf s'inspire des contes de fée les plus populaires, et en renverse les codes pour mieux en souligner la bêtise, et surtout, la misogynie.

De fait, à trop vouloir coller au conte, le film reste dans les clous. Comme Cendrillon, souffre-douleur avant d'épouser le Prince, Jacky subit dictature et humiliations avant de s'épanouir sous les ors des palais. La boucle est bouclée. Ceux qui connaissent le travail de Sattouf ne seront en fait pas surpris. Ce type est un gentil, un caricaturiste potache, pas un méchant ni un donneur de leçons. Jacky au royaume des filles est donc un film bon enfant, agréable, assez drôle mais convenu, même si l'on peut se réjouir du mauvais esprit qui l'habite. On soulignera cependant un final plutôt gonflé, aussi absurde qu'idiot, mais tout à fait rafraîchissant. À l'heure où les réactionnaires donnent de la voix, la confusion des genres proposée ici fait beaucoup de bien.

Le casting est excellent. On ne citera pas tout le monde, mais de Vincent Lacoste, parfait en amoureux benêt, à Charlotte Gainsbourg, délicieuse en héritière décalée, en passant par la trop rare Laure Marsac, Valérie Bonneton, Noémie Lvovsky, Didier Bourdon ou Anémone, géniale en dictatrice [teuse, teure ?] tout droit sortie d'une aventure de Tintin, on prend plaisir à de réjouissantes compositions.

On pouvait donc espérer mieux. On sait aussi que le film ne marchera pas. Pas assez grand public, pas assez engagé, trop dans l'entre-deux. C'est dommage, car il fallait quand même des couilles pour le faire.

Rédigé par pierreAfeu

Publié dans #Assez bons coups

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